Depuis quelques années, nous entendons de plus en plus parler du stress et de ses répercussions néfastes sur la santé. Un fait facilement compréhensible si on considère que plus du quart de la population québécoise dit se sentir stressé au quotidien.² Ajoutons à cela que la prévalence des troubles anxieux chez les jeunes a presque doublé en seulement 6 ans³ et donc on peut facilement parler ici d'un problème de société.
Je suis de ceux qui croient que lorsque l'on connait une problématique, il nous est plus facile de trouver des solutions. Alors je propose que nous commencions par les bases. Finalement, c'est quoi le stress?
C'est Hans Selye, un endocrinologue canadien d'origine autrichienne, qui a mené les premières études sur le stress il y a près d'une centaine d'années. Ses études ont été le point de départ de nombreuses autres qui nous permettent aujourd'hui de bien comprendre ce que nous appelons le système de réponse au stress.
Parce que finalement, le stress ce n'est rien de plus qu'un ensemble de réactions biologiques qui est déclenché chez l'humain lorsqu'il se sent en danger. Un mécanisme de survie qu'a développé notre espèce lorsqu'il devait lutter quotidiennement pour sa survie. À force de se retrouver face à face avec des mammouths de 100 fois leur poids, nos ancêtres ont développé (inconsciemment bien sûr) un système biologique leur permettant de mobiliser l'énergie présente dans leur organisme afin de l'utiliser pour s'enfuir à la course et assurer leur survie ou attaquer ces mastodontes et nourrir leur tribu pendant des semaines.
Notre monde a bien évolué depuis cette époque et ce qui constituait un danger à nos yeux à l'ère préhistorique est fort différent de ce qui peut nous menacer aujourd'hui. Nous vivons somme toute dans un monde sécuritaire et les sources de danger mortel ont considérablement diminué, comme en témoigne l'augmentation de notre espérance de vie. Ce qui nous apparaît aujourd'hui comme menaçant et déclenche une réaction de stress relève d'avantage des domaines financiers, sociaux ou personnels. Des problématiques qui demeurent en place bien plus longtemps que le passage d'un mammouth et mettent donc à rude épreuve un système de survie qui n'a jamais été fait pour rester activé longtemps. Et c'est justement lorsque le stress ne retombe pas, lorsque le système de réponse au stress n'est pas mis en pause, que les problématiques de santé apparaissent.
Ce qu'il faut retenir, c'est que le système de réponse au stress a d'abord et avant tout une intention positive, il a permis la survie de notre espèce. Nous sommes d’ailleurs bien heureux de ce vestige du passé lorsque notre enfant traverse la rue sans regarder et que le conducteur a le réflexe d'appuyer sur le frein assez rapidement pour éviter la collision.
Ce sont nos stresseurs qui ont évolué, suivant notre mode de vie. À nous maintenant de suivre cette évolution et d'apprendre à gérer ce système en modifiant notre perception de ce qui constitue une menace.
² MSSS (2018). Repéré à https://www.msss.gouv.qc.ca/professionnels/statistiques-donnees-sante-bien-etre/statistiques-de-sante-et-de-bien-etre-selon-le-sexe-volet-national/stress-percu-dans-la-vie/
³ Fragasso-Marquis, V. (2018) Les jeunes de plus en plus affectés par des problèmes de santé mentale. Repéré à https://www.ledevoir.com/societe/sante/542919/bilan-sante-jeunes-qc
Article très intéressant. Merci de nous partager toute cette connaisance.