Vous êtes-vous déjà privé d'une activité parce que votre "petite voix" vous disait que vous n'étiez pas capable ou que vous vous ridiculiseriez? Cette petite voix, c'est ce qu'on appelle le discours intérieur. Et rassurez-vous, ça n'a rien à voir avec des hallucinations, elle existe chez chacun d'entre nous. Nous avons tous une petite voix intérieure qui nous accompagne au quotidien et qui se fait particulièrement insistante dans les moments plus difficiles.
Cette petite voix, je l'ai toujours vue comme le narrateur de ma vie. Vous savez, cette voix à la fois omniprésente mais discrète dans les films qui nous raconte les pensées des personnages, les émotions qu'ils vivent et les tourments qui les tiraillent. Le narrateur est là pour nous aider à comprendre ce qui ne se voit pas. Et notre petite voix intérieure occupe le même rôle. À l'image du narrateur, elle nous raconte les pensées que provoquent les événements que l'on rencontre.
Il n'y a pas si longtemps, lorsque je rencontrais une personne que je désirais mieux connaître, ma petite voix se mettait toujours à me crier: "Chut, ne parles pas, tu pourrais dire une connerie. Et puis qu'est-ce que tu as d'intéressant à dire de toute façon? Tout le monde se fout de tes histoires, de tes idées, de tes pensées! Tu vas juste les convaincre de s'enfuir!" Alors je me taisais, triste de ne pouvoir participer à la conversation. L'ironie là-dedans, c'est que comme je n'exprimais jamais mes pensées, ma personnalité, soit les gens me trouvaient ennuyeuse, soit ils s'imaginaient que je n'étais pas intéressée à les connaître. Alors ils passaient leur chemin. Ma peur de les voir fuir, les faisait fuir. Alors quand je rencontrais une nouvelle personne, ma petite voix se faisait un malin plaisir de me rappeler ce qui s'était passé la fois précédente, m'intimant plus sévèrement le silence.
Je suis restée dans ce cercle vicieux beaucoup trop longtemps. Combien d'opportunités ai-je laissé passé? Combien de rencontres avortées, d'amitiés sacrifiées? Heureusement, un jour, j'ai pris conscience de ce que ma petite voix me répétait inlassablement et je me suis demandé: "Et si elle se trompait?" Après tout, le rôle du narrateur, n'est pas d'écrire l'histoire mais seulement de décrire se qui se déroule. À quel moment lui ai-je accordé le droit de décider du déroulement de l'intrigue?
À partir de ce jour, chaque fois que ma petite voix tentait de me dissuader de m'exprimer, je m'arrêtais et me questionnais sur le réalisme de ses conclusions. Puis je corrigeais le script. Ainsi les "Ils s'en fout" sont devenu des "Ça pourrait les intéresser" et les "Ils ne veulent pas savoir" des "Et si tu les laissais te connaître." Alors tranquillement, mon discours intérieur, comme un narrateur qui s'habitue au style d'un auteur, s'est transformé pour refléter une nouvelle façon de penser. J'étais redevenue l'auteure de mon existence.
Cette petite voix, elle est toujours là, où que j'aille et se fait particulièrement insistante dans les moments difficiles. Elle me murmure: "Vas-y, exprime-toi. Tu finis toujours par apporter quelque chose à quelqu'un et chaque fois tu en sort grandie."
Et vous, qu'est-ce qu'elle vous dit votre petite voix? Est-il temps de revoir le script?